Un tétraèdre ("quatre faces") est le plus simple des polyèdres : ses quatre sommets définissent quatre faces triangulaires assemblées par six arêtes.
Le tétraèdre régulier et le tétraèdre trirectangle régulier s'obtiennent facilement à partir d'un cube.
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un tétraèdre régulier | un tétraèdre trirectangle régulier | un diamant composé de ces deux pyramides régulières |
tétraèdre birectangle de Schläfli (quatre faces rectangulaires) |
On peut de même définir d'autres types de tétraèdres à partir d'un parallélépipède rectangle. |
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un tétraèdre équifacial (disphénoïde) |
un tétraèdre trirectangle | un tétraèdre équifacial à faces isocèles (disphénoïde tétragonal) |
un autre tétraèdre à faces rectangles (non équifacial) |
Voici deux autres tétraèdres intéressant définis dans un cube (1/24e du volume du cube) :
• si on découpe le premier (bleu) le long de chacune des douze arêtes d'un cube il reste une étoile de Kepler (voir puzzles), • 6 du second (magenta) peuvent constituer un rhomboèdre aplati, 8 un octaèdre (la plus longue arête en commun), 24 un cube (deux le long de chaque arête), 6×8=48 un dodécaèdre rhombique (6 octaèdres avec un sommet en commun) ; 12 paires (bipyramides) avec un sommet en commun constituent un dodécaèdre rhombique étoilé. |
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Les quatre perpendiculaires aux plans des faces et passant par les centres des cercles circonscrits aux faces sont concourantes au centre de la sphère circonscrite au tétraèdre.
Le centre I de la sphère inscrite à un tétraèdre (ABCD) vérifie I = (Sa/S)A+(Sb/S)B+(Sc/S)C+(Sd/S)D où Sa, Sb, Sc et Sd sont les aires des faces opposées à A, B, C et D respectivement, et S=Sa+Sb+Sc+Sd ; son rayon r vérifie r=3V/S (en décomposant le tétraèdre en quatre tétraèdres de sommet commun I on a V=Sr/3 ) et 1/r = 1/h1+1/h2+1/h3+1/h4 où les hi sont les hauteurs du tétraèdre et V son volume. Dans un triangle ABC le centre I du cercle inscrit vérifie I = (a/p)A+(b/p)B+(c/p)C où a, b et c sont les longueurs des côtés opposés à A, B et C respectivement, et p=a+b+c le périmètre du triangle ; son rayon r vérifie r=2S/p et 1/r = 1/h1+1/h2+1/h3 où les hi sont les hauteurs du triangle et S son aire. La détermination des centres et le calcul des rayons ne sont pas aisés pour un tétraèdre sans propriété particulière. Évidemment, dans le cas du tétraèdre régulier les choses sont simples (voir exercice en fin de page). Remarques : Outre la sphère inscrite, il existe aussi quatre sphères exinscrites, comme il existe trois cercles exinscrits dans un triangle. Seuls les tétraèdres de Crelle admettent une inter-sphère (tangente à ses six arêtes). Cette figure peut être modifiée dynamiquement en déplaçant trois des sommets du tétraèdre (points rouges) avec le pointeur de la souris. |
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Le centre de gravité (isobarycentre des sommets) est le point de concours des quatre segments joignant chacun un sommet au centre de gravité de la face opposée ; il est situé au quart de chacun de ces segments, en partant de la face.
En général un tétraèdre n'a pas d'orthocentre (voir tétraèdres orthocentriques).
Le volume de ABCD est le sixième du volume du parallélépipède construit à partir des arêtes [AB], [AC] et [AD] (aire de base moitié, même hauteur). En fonction des coordonnées des sommets A(ax,ay,az), B(bx,by,bz), C(cx,cy,cz) et D(dx,dy,dz), il s'exprime à l'aide d'un déterminant :
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aire d'un triangle par Héron : côtés a, b et c, A²=s(s-a)(s-b)(s-c) où s=(a+b+c)/2 est le demi-périmètre.
aire d'un quadrilatère convexe : côtés a, b, c et d A²=(s-a)(s-b)(s-c)(s-d)-abcd×cos(S)²
où s=(a+b+c+d)/2 est le demi-périmètre et S la demi-somme de deux angles opposés ; pour les quadrilatères inscriptibles cos(S)=0
preuve : le calcul est facile dans le cas d'un tétraèdre régulier inscrit dans un cube d'arête 1 (chacun des quatre tétraèdres trirectangles a un volume de 1/6 ; il reste donc 1/3 pour le tétraèdre régulier). On généralise facilement : les quatre pyramides ont même volume (même hauteur, celle du parallélépipède, et bases de même aire, la moitié de celle de la base du parallélépipède). Les arêtes du tétraèdre sont six des douze diagonales des faces du parallélépipède.
La touche "f" est une bascule d'affichage des faces ou seulement des arêtes. |
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Dans tout quadrilatère (même non convexe ou croisé) les milieux des côtés sont les sommets d'un parallélogramme.
Si le quadrilatère a ses diagonales de même longueur (resp. perpendiculaires) alors on obtient un losange (resp. un rectangle). Quatre points définissent trois quadrilatères (sur la figure de gauche l'un est convexe et les deux autres sont croisés) dont les trois parallélogrammes de Varignon ont même centre (le milieu commun de leurs diagonales). Dans la seconde configuration les trois quadrilatères sont non convexes et non croisés. Dans tout quadrilatère les trois segments joignant les milieux de côtés opposés et les milieux des diagonales ont même milieu (point de Varignon). Le théorème reste vrai dans l'espace (figure de droite) : les quatre points non coplanaires sont alors les sommets d'un tétraèdre ; on peut voir sur l'applet ci-dessus que le milieu commun est le centre du parallélépipède.
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Là on change vraiment de dimension (passage du plan à l'espace) :
• quadrilatère → octaèdre • milieu d'un côté → centre de gravité d'une face • parallélogramme → parallélépipède Cette figure peut être modifiée dynamiquement en déplaçant les sommets de l'octaèdre (points jaunes) avec le pointeur de la souris. La touche "f" est une bascule d'affichage des faces de l'octaèdre. Remarque : L'octaèdre n'a pas besoin d'être convexe : on peut considérer un quadrilatère croisé comme deux triangles qui se coupent du même côté de leur base commune ; de même un octaèdre "croisé" peut être vu comme deux "pyramides" qui se coupent du même côté de leur "base" commune (en fait il s'agit de quatre points non nécessairement coplanaires). En déplaçant les sommets de l'octaèdre on peut tester ces configurations. |
preuve 1 (Vladimir Dubrovsky) :
Soit M et N les milieux de [AB] et [CD], et K (sur [AC]) et L (sur [BD]) les deux autres sommets de la coupe (en bleu clair). Une projection de direction (MN) donne un parallélogramme ACBD de centre M=N dans lequel AK/AC = BL/BD = k. Une "moitié" de (ABCD) est formé d'une pyramide (CKMLN) et d'un tétraèdre (LBCM), la seconde de (DKMLN) et (KADM), et vol(CKMLN) = vol(DKMLN) car ils ont la même base et même hauteur vol(LBCM) = vol(KADM) = (k/2)×vol(ABCD) bases(ABCD)/2 et hauteurs(ABCD)×k Si K=A et L=B (ou K=C et L=D) les deux "moitiés" sont des tétraèdres de même volume : hauteur(ABCD) et base(ABCD)/2. |
projection | |
preuve 2 (Vladimir Dubrovsky) :
Considérons les sections de (ABCD) parallèlement à (AB) et (CD). Ce sont des parallélogrammes, et la section coupe chacun d'eux en deux parties égales symétriques (voir la projection considérée ci-dessus). Alors l'égalité des volumes des deux solides découle du "principe de Cavalieri". preuve 3 (Georges Lion) :
généralisation : Si un plan divise deux arêtes opposées d'un tétraèdre dans un rapport donné, alors il divise le volume du tétraèdre dans le même rapport. (Altshiller-Court 1979, page 89) |
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Pour tout tétraèdre ABCD V=(1/6)×AB×CD×h×sin(x) où x est l'angle (AB,CD)
L'angle de deux droites non coplanaires est celui de leurs parallèles menées par un point quelconque (sur la construction H est un tel point). rappel : construction de la perpendiculaire commune Δ à deux droites D et D' non coplanaires Soient D" la projection orthogonale de D' sur le plan P passant par D et parallèle à D', et H son point d'intersection avec D ; Δ est la perpendiculaire à P menée par H. Cette figure est interactive : on peut modifier le tétraèdre en déplaçant les points rouges B, C et D, et donc vérifier que la perpendiculaire commune peut être extérieure au tétraèdre. |
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a+a'=b+b'=c+c' où l et l' sont les longueurs de deux arêtes opposées
exemple : les "tétraèdres 4-boules"
Voir aussi les "kissing spheres" de Soddy. |
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Le patron du tétraèdre régulier est bien connu (un triangle équilatéral avec son triangle des milieux) ; on en déduit facilement le patron du tétraèdre trirectangle régulier. | |||
Voici le second patron du tétraèdre régulier : | |||
Un triangle plié selon les côtés de son triangle des milieux est le patron d'un tétraèdre équifacial (le triangle doit avoir trois angles aigus.).
Trois plis transforment un carré en patron d'un tétraèdre trirectangle. Un carré peut aussi être le patron d'un tétraèdre équifacial. |
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Quand on rabat une face latérale d'une pyramide sur son plan de base, on remarque que la hauteur de cette face pivote autour de son pied. On en déduit la construction du patron d'un tétraèdre :
On choisit le triangle de base et un point S (projection du sommet) qui peut être choisi sur un côté ou hors du triangle de base. Chaque triangle latéral a une hauteur passant par S, sur laquelle se trouve son troisième sommet. On choisit l'un d'eux (S' par exemple, avec HS'>HS) et on en déduit les deux autres par report des longueurs des côtés. On peut choisir la hauteur SS'=h en construisant le triangle rectangle HSS'. |
Si on coupe un tétraèdre SABC par un plan parallèle à la face ABC, par exemple à mi-hauteur, on obtient un pentaèdre (tronc de pyramide avec trois faces latérales trapézoïdales dont le volume est 7/8 du volume du tétraèdre).
Les hauteurs des trois trapèzes ne sont évidemment pas égales, mais il existe une direction de l'espace selon laquelle elles le paraissent. On peut la chercher expérimentalement en modifiant la position du solide. |
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Passons de l'espace au plan par projection du sommet S en S' sur le plan (ABC). La coupe à mi-hauteur est alors un triangle A'B'C', et le théorème des milieux dans un triangle prouve que A'B'C' est une réduction de ABC (pour un rapport de réduction différent de 1/2 on utilise le théorème de Thalès, ou une homothétie de centre S'). Pour que les trois trapèzes aient même hauteur, il faut et il suffit que chaque sommet de A'B'C' soit équidistant de deux côtés de ABC, donc appartienne à la bissectrice du secteur. Finalement, S' doit être le centre I du cercle inscrit à ABC. La direction cherchée est donc celle de (SI). |
références : | Géométrie de l'espace et du plan de Yvonne et René Sortais (éditions Hermann - 1988) pages 305-336 |
Voir aussi les pages consacrées aux décompositions du parallélépipède, aux symétries tétraédriques, et aux kaléïdocycles.
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polyèdres convexes - polyèdres non convexes - polyèdres intéressants - sujets connexes | avril 1999 mis à jour 03-01-2014 |